L’exposition La Vie Hlm retrace l’histoire et la vie quotidienne de familles locataires de logements sociaux dans une cité d’Aubervilliers. Elle révèle les continuités qui marquent la vie des quartiers populaires depuis les années 1950 et les spécificités apparues ces dernières décennies.
Le projet d’exposition sur l’histoire des habitants d’un logement populaire de la barre Charles Grosperrin, dans la cité Émile-Dubois d’Aubervilliers, commence à prendre forme en 2014 avec la création de l’Association pour un musée du logement populaire (Amulop). Muriel Cohen, historienne, maîtresse de conférences à l’université du Mans, est coordinatrice de l’exposition : « Le collectif d’enseignants qui a fondé l’association n’était pas satisfait de la manière dont on présentait les quartiers populaires dans les programmes scolaires et les médias. En simplifiant, on peut dire qu’ils étaient considérés comme des espaces urbains qui fonctionnaient bien durant les Trente Glorieuses pour devenir ensuite des ghettos. Or leurs habitants n’ont pas forcément le sentiment de vivre dans des lieux de relégation. »
L’objectif de l’association et du musée est de contribuer à changer ce regard sur les quartiers populaires et à les revaloriser, tout en montrant les continuités qui les traversent depuis les années 1950 sans négliger les difficultés spécifiques apparues au fil de temps. Par exemple, si leur stigmatisation ne date pas d’hier, elle s’est accentuée du fait de la montée du chômage et des origines ethniques de leur peuplement. « Nous avons aussi voulu sortir d’une approche trop centrée sur les habitations et trop peu sur les habitants », poursuit Muriel Cohen. « Nous avons procédé à un travail de contextualisation historique et de confrontation des mémoires en écho avec les grandes questions que sont la désindustrialisation, l’immigration, la santé ou le travail. »
Une scénographie immersive
Dans cette perspective, un projet de recherche restitué sous forme d’une exposition a été soumis par l’Amulop à l’Institut Convergences Migrations qui lui a attribué un financement initial ayant permis la création d’un poste de coordinatrice. La Caisse des dépôts, l’USH, le Campus Condorcet, le Laboratoire d’histoire sociale de l’université Paris 1, Plaine Commune et la Ville d’Aubervilliers ont répondu présents parmi d’autres. L’OPH d’Aubervilliers a fourni et réaménagé trois logements (T3) de la barre Charles Grosperrin et aidé les historiens à retrouver des locataires qui ont résidé dans cet immeuble depuis sa construction en 1957 jusqu’à la fin des années 1990. Deux appartements ont été minutieusement reconstitués pour permettre aux visiteurs de s’immerger dans le cadre de vie quotidien de plusieurs familles de locataires. Le travail de reconstitution s’est fondé sur des entretiens avec les habitants qui vivaient là. Leurs indications ont permis de donner un aperçu fidèle de l’occupation de l’espace mais aussi du mobilier et des vêtements dont des exemplaires ont pu être retrouvés par les membres de de l’Amulop. Un appartement a été refait intégralement à l’image de la famille qui l’occupait dans les années 1960. Un second présente des reconstitutions partielles, une pièce par famille, aux différentes époques couvertes par l’exposition. Dédié aux ateliers pédagogiques, le troisième logement accueille quatre jours par semaine les élèves du CM1 à la terminale ainsi que des étudiants et des enseignants. Deux guides et une responsable de la communication ont été recrutés pour faire fonctionner l’exposition jusqu’en juin 2022. Pour l’instant, le musée prend la forme d’une exposition éphémère, mais ses promoteurs travaillent à le pérenniser avec l’appui de leurs partenaires. V.R.
Se rendre au musée
Pour visiter l’exposition La Vie Hlm, histoires d’habitant.e.s d’un logement populaire (1950-2000), les places (8 €) doivent être réservées sur exploreparis.com. L’entrée est située 8 Allée Charles Grosperrin (métro ligne 7 - Fort d’Aubervilliers), interphone Amulop. L’expo est ouverte à tous les visiteurs les mercredis après-midi et les samedis jusqu’en juin 2022.
Légende photo : Le logement d’une famille ouvrière corrézienne reconstitué dans la cadre de l’exposition La vie Hlm. © A. Kifia/Amulop